Mon premier couteau avait la pointe arrondie comme le bout du doigt du milieu ; les poignées étaient en plastique noir entouré par une ligne blanche, avec une petite croix blanche aussi (son apparence était exactement celui d'un domino). Il a été perdu dans un déménagement, je pense.
Il n'était pas très bon, mais malgré les abus du propriétaire, la lame n'eut jamais du jeu latéral (j'étais un enfant prudent à tout, sauf pour les travaux scolaires).
Il ne me manque pas (bon, disons nous la vérité: mon premier couteau me manque...-au moins- un peu). II y a quelques jours à la brocante, tout près du marché aux puces, j'ai vu un autre; et sur l'impulsion du moment on l'a acheté.
Bien que je ne suis pas sûr qu'un couteau de luxe comme ceci fut à la portée de n'importe quel petit garnement. J'ai pensé plutôt au neveu d'un évêque (ou nièce, si je étais plus audacieux). Je ne sais pas quoi penser.
Je peux l'imaginer à la poche de Harry Potter ou à la main infantile de E. A. Poe (un instant avant de qu'il essaie de rendre la pointe aigüe). J'ignore tout: le fabricant, l'époque, le poinçon...Mais pourtant, un scarabée d'or grouille dans la bouche: Rosebud.
Il m'a deçu, l'insecte cinéphile: une parole banale trop connue. Je dirai finalement sans bien-dire entomologique que mon premier couteau est le dernier.
La belle nièce de l'évêque -les cheveux brillants comme l'acajou, les mains blanches comme des fleurs de pissenlit, les dents de perles, les yeux translucides comme le carey- a maintenant pris son précieux couteau avec les étoiles à la belle corne noire pour enlever la poudre blanche sur son visage ...
Le couteau d'une bourgeoise, de la fille d'un riche fermier, de la nièce d'un évêque ... maintenant est caressé par la main d'un enfant âgé.
Au risque de vous décevoir ces beaux couteaux en nacre , écaille et autre matière
noble n'étaient pas des couteaux
pour enfant .
Ces couteaux servaient aux dames d'une autre époque à écraser la poudre qu'elles
pour enfant .
Ces couteaux servaient aux dames d'une autre époque à écraser la poudre qu'elles
se mettaient sur la figure
et elles s'en servaient pour l'écarter sur le visage sans se blesser
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